“La chose la plus difficile pour un leader est de montrer sa vulnérabilité… Quand le leader montre sa vulnérabilité et sa sensibilité, et qu’il fédère ses collaborateurs, l’équipe gagne.” Howard Shultz, CEO de Starbucks.

La vulnérabilité : faiblesse ou force ?

La définition de la vulnérabilité éclaire sans détour sur les raisons pour lesquelles, de prime abord, un dirigeant préfère cacher sa vulnérabilité plutôt que de la laisser entrevoir. Etre vulnérable, c’est “être exposé à recevoir des blessures, des coups, être exposé aux atteintes d’une maladie, ou encore, par ses insuffisances, ses imperfections, donner prise à des attaques” (Larousse). On comprend que les leaders cherchent naturellement à fuir cette exposition, susceptible de les mettre en position de faiblesse.

Pourtant, si on observe les leaders authentiques, on trouve – entre autres – un trait commun : ils se soumettent à la critique, reconnaissent leurs erreurs, expriment leurs émotions, dévoilent une part de leur intimité en partageant non seulement leurs valeurs profondes, mais aussi leurs doutes, leur peurs et leurs joies.

Montrer ses émotions, affirmer ne pas tout savoir, reconnaître ses imperfections : ces attitudes sont encore largement considérées comme inappropriées pour un leader, censé afficher une image sans faille.

Cette posture d’invulnérabilité est héritée de générations d’un pouvoir largement basé sur l’obéissance à la hiérarchie : le « chef » doit être parfait, avoir réponse à tout, être visionnaire ou encore charismatique. La croyance est fortement installée : montrer sa faiblesse, c’est perdre la confiance d’autrui, son autorité et donc son pouvoir.

Depuis des générations, l’entreprise se prête ainsi à ce jeu de cache-cache : les expressions de nos émotions (joie, colère, tristesse…) n’y sont pas les bienvenues en général, nous invitant à nous abriter souvent derrière un masque ou une carapace.

Le costume/cravate (le tailleur pour les femmes) a longtemps représenté l’armure symbolique derrière laquelle on espérait se protéger et dissimuler ses sentiments. Oui mais voilà : le costume se fait rare et la cravate tend à disparaître…

Car, posez-vous la question pour vous-même : dans un monde incertain et en pleine mutation, seriez-vous aujourd’hui prêt(e) à faire confiance à quelqu’un qui ne montre jamais ni doute, ni état d’âme, ni imperfection ? Auriez-vous envie de suivre un tel leader ?

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Prendre le risque de la vulnérabilité

Etre authentique tout en se sachant imparfait requiert du courage, un courage qui s’appuie sur l’estime de soi, le sentiment profond que l’on est légitime et que l’on mérite d’être aimé, écouté et suivi, malgré nos faiblesses. Il s’agit de savoir, par moments, baisser la garde et se montrer tel que l’on est vraiment, « d’inviter notre humanité au travail » comme l’écrit Frédéric Laloux. Un leader vulnérable remet son ego à sa juste place – pas celle du conducteur ! – et accepte de ne plus être ni omni-sachant ni omni-potent.

Ce changement de posture radical est une invitation offerte à chacun, dans l’entreprise, pour exprimer sa voix, et son potentiel. En montant sa propre vulnérabilité, le leader autorise chacun à faire de même. En levant le voile sur sa propre vulnérabilité, il émet un signe fort de respect et d’engagement dans les relations en s’y investissant pleinement lui-même avec son esprit mais aussi son cœur. Les connexions sont plus vraies, l’engagement plus fort, le sentiment d’une humanité partagée se répand. Le ton est donné.

Pour le leader, il faut une bonne dose d’audace pour dévoiler cette part de son intériorité. Une audace souvent largement récompensée car ce courage d’être soi-même est, à un niveau conscient et inconscient,  puissamment perçu par l’entourage ; cette vulnérabilité assumée représente en réalité l’illustration humble et éclatante de la sécurité et de la solidité intérieures que vit le leader. Paradoxalement, montrer sa vulnérabilité nourrit donc une autre forme d’autorité et de charisme basée sur une congruence plus forte dans la manière dont le leader pense, ressent et agit.

Montrer son moi authentique et accepter ainsi sa vulnérabilité représente un acte de bravoure pour les leaders du XXIème siècle. C’est l’une des transformations personnelles incontournables sur la voie d’un leadership plus inspirant et plus éclairé.

A photo by Jared Erondu. unsplash.com/photos/j4PaE7E2_Ws

Anne-Valérie Rocourt et Romain Cristofini – Septembre 2016

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