Voici l’une des qualités méconnues de certains leaders inspirants : à un moment de leur vie, ils ont su reconnaître et suivre un appel intérieur.  

Il y a 2 ans environ, je m’embarquais dans l’aventure un peu folle de Monasterra pour proposer des retraites laïques de leaders et les inviter à questionner le sens de leur action.

Malgré mes doutes, les retards et les reports, Monasterra se déploie aujourd’hui. Les témoignages des participants sont merveilleux et je suis désormais sollicité pour prendre la parole devant des assemblées de patrons intrigués.

Bien sûr, tout ceci a demandé une bonne dose de créativité, d’audace, etc. Mais au fond de moi et comme beaucoup d’autres avant moi, je sais que je n’ai fait que répondre à un “appel”.

Celui-ci s’est manifesté il y a trois ans au cours d’une période de jachère personnelle que j’avais recherchée après avoir vendu ma première entreprise. C’était un jour où je me sentais désorienté et sans aucune idée de ce que j’allais faire de ma vie. J’étais à Marseille, je regardais la mer, ma tête était vide, mon cœur probablement ouvert. L’idée qui devait prendre la forme de Monasterra s’est alors imposée à moi. Soudaine, bouleversante et évidente. De cette évidence qui balaie les peurs et donne l’énergie d’oser.

Depuis, j’ai rencontré de nombreux cadres et chefs d’entreprises qui m’ont partagé avoir vécu des expériences similaires : une prise de conscience ou une intuition frappante, claire, déstabilisante parfois. Un élan du cœur pour certains, la suite d’un choc de vie pour d’autres. Et puis, cette envie irrésistible de la concrétiser, d’y rester fidèle coûte que coûte. Comme si, au fond d’eux-mêmes, il y a avait cette certitude d’avoir touché quelque chose de sacré, un endroit d’eux qui ne ment pas et qui les appelle à vivre autre chose et à le partager. Je me souviens de ce jeune entrepreneur qui utilisa cette expression : « en fait, je ne me suis pas posé la question de la viabilité du projet : je ne pouvais pas ne le faire ».

Pour certains, le déclencheur fut un livre, pour d’autres une rencontre ou un moment de grâce vécu seul ou en groupe. Pour d’autres encore, une autorisation née d’un travail de maturation ou d’introspection plus long. Souvent, il y eut une ouverture dans leur quotidien, comme une fêlure involontaire mais utile pour laisser passer la lumière.

Un manager fait carrière, un leader répond à son appel

La littérature sur le sujet semble converger : être un leader n’a rien à voir avec une fonction ou un titre ni avec des qualités soi-disant innées comme le charisme ou la vision. Nous sommes tous des leaders en puissance car nous avons tous une capacité d’influence sur les autres et notre environnement.

Mais trouver sa voie en tant que leader, là où nous pouvons apporter une influence positive sur le monde, n’est pas chose aisée. Une des pistes pour la trouver consiste donc à apprendre à écouter ces messages qui contournent notre mental pour venir parler directement à notre cœur, à notre inconscient ou à notre être. C’est accueillir précieusement et avec ferveur un message, un discours ou une inspiration lorsque ceux-ci provoquent un élan vital chez soi. Et surtout – et c’est là le plus difficile – c’est s’efforcer ensuite d’y rester fidèle, malgré les obstacles et les sacrifices que cela peut impliquer. C’est avoir le courage de prendre des décisions ou des orientations qui relèveront davantage d’un acte de foi que d’un plan savamment élaboré.

“Vocation does not come from willfulness. It comes from listening….Vocation does not mean a goal that I pursue. It means a calling that I hear” – Parker Palmer (Let your life speak).

Plus que jamais, notre monde a besoin de ce type de leaders : ceux qui osent répondre à leur appel intérieur et décident de les manifester au monde. La phrase de Steven Covey (la 8ème habitude) résonne toujours fortement en moi : en ce début de 21ème siècle, nous sommes tous appelés à « trouver notre voie et faire entendre votre voix ».

Alors, en cette rentrée et ce nouveau départ possible qu’elle représente, répondre à l’appel, c’est d’abord, comme à l’école, pouvoir dire « présent ».

Etre présent à soi en adoptant une discipline quotidienne qui permette de cultiver des temps pour apaiser notre mental hyperactif et garder un « canal ouvert » vers notre cœur et nos tripes.

Etre présent aux autres pour se laisser inspirer et toucher : par effet miroir, ils peuvent réveiller en vous cet appel intérieur de votre être.

Etre présent à l’instant, enfin, car ceux-ci peuvent receler des synchronicités précieuses, ces « hasards nécessaires » que décrivit Jung et comme une forme de réponse de l’univers à nos besoins. Comme pour nous mettre sur la voie.

@Romain Cristofini – septembre 2017

 

 

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